Le théâtre à l'origine
Le théâtre grec trouve ses origines dans la représentation mimétique de l'histoire des dieux et de leurs mythes. A l'origine, les pièces étaient représentées sur des aires de battage pour le blé, où les paysans remerciaient Dionysos. Évoluant et prenant de l'essor, ces remerciements se transformèrent en fêtes appelées Dionysies : les auteurs tragiques tels que Sophocle, Eschyle ou Euripide s'affrontaient lors d'un concours d'une durée de cinq jours: ils devaient y présenter trois tragédies appartenant à un même cycle et un drame satyrique. Les fêtes débutaient par une grande procession au cours de laquelle des jeunes hommes habillés en satyres traversaient la ville. Les comédiens, eux, jouaient sur scènes dotés de masques caricaturaux leur permettant de jouer personnages et expressions canoniques.
Le théâtre grec n'est pas, comme aujourd'hui, une forme de divertissement. Il s'agit avant tout de représentations cérémoniales, politiques et religieuses. Il permet d'inculquer des valeurs morales aux citoyens, à se pencher sur des problèmes de la vie en communauté par le biais de la mythologie le plus souvent. C'est un véhicule populaire d'idées politiques et religieuse.
Euripide, un tragédien moderne
Εὐριπίδης / Euripídês serait né à Salamine vers -480, le même jour que la fameuse bataille. Il est le fils de Mnésarchidès et Clito, qui seraient soit nobles, soit respectivement charpentier et marchande de légumes. Il reçoit une éducation coûteuse et complète auprès de précepteurs tels qu'Anaxagore, Protagoras, Prodicos, avec lesquels il s'initie aux principes de la philosophie et du sophisme.
Il est formé comme athlète aux jeux gymniques et théséens, ainsi que danseur et porteur de torches lors des cérémonies dédiées à Apollon, mais est aussi peintre et poète. A partir de -455, il s'exerce comme tragédien. Il meurt à Palla en Macédoince, en -406.
Il est formé comme athlète aux jeux gymniques et théséens, ainsi que danseur et porteur de torches lors des cérémonies dédiées à Apollon, mais est aussi peintre et poète. A partir de -455, il s'exerce comme tragédien. Il meurt à Palla en Macédoince, en -406.
Il fréquente Socrate et Aristote, par qui il est qualifié du "plus tragique des poètes". Ses pièces, accessibles, communiquent des principes scientifiques et philosophiques. Son oeuvre se caractérise par son innovation : les comportements humains et situations sont représentés avec plus de réalisme, abandonnant la grandeur et la noblesse qui caractérisaient les tragédies grecques. Ainsi, Euripide représente les faiblesses, les peurs, les passions, les drames humains et accorde de l'importance au rôle des femmes. C'est avec lui que les toutes premières réelles intrigues sont créées; elles supportent toutes l'action de la pièce. Il a écrit entre 92 et 95 tragédies, dont 19 seulement nous sont parvenues entières, dont Médée (-431), Andromaque (-426) ou encore Hippolyte Porte-Couronne (-428).
Hippolyte Porte-Couronne
Hippolyte Porte-Couronne est la seconde version, après Hippolyte Voilé, qui fit scandale pour une raison inconnue.
Dans cette pièce, l’amour de Phèdre n’est pas seulement présenté comme l’effet de l'irrésistible volonté d’Aphrodite. En proie à cette passion incestueuse qui la dévore et la trouble jusqu’au délire, la malheureuse reine reste chaste. Malgré ses difficultés, elle parvient à réfléchir à la condition des femmes, aux causes qui portent le désordre dans les cœurs et dans les foyers, aux discrédits qui frappent son sexe. Elle garde la tête froide et fait des observations si cyniques que parfois, la lisière entre amante meurtrie et grave docteur est ténue. Ces réflexions sont courantes chez Euripide : philosophe, il appréciait de poser des questions et d'y répondre, ou bien au contraire de les laisser en suspens.
Dans cette pièce, l’amour de Phèdre n’est pas seulement présenté comme l’effet de l'irrésistible volonté d’Aphrodite. En proie à cette passion incestueuse qui la dévore et la trouble jusqu’au délire, la malheureuse reine reste chaste. Malgré ses difficultés, elle parvient à réfléchir à la condition des femmes, aux causes qui portent le désordre dans les cœurs et dans les foyers, aux discrédits qui frappent son sexe. Elle garde la tête froide et fait des observations si cyniques que parfois, la lisière entre amante meurtrie et grave docteur est ténue. Ces réflexions sont courantes chez Euripide : philosophe, il appréciait de poser des questions et d'y répondre, ou bien au contraire de les laisser en suspens.
Pour
son mari et ses enfants, elle est résolue à se garder pure et ce n’est
pas uniquement par crainte du scandale. L’honneur se fonde chez elle sur
une fière pudeur :elle considère sa passion involontaire comme une souillure coupable et la conscience de sa chute la rendrait intolérable à elle-même. Et quand ces forces la trahissent, elle se
décide pour le seul parti capable de lui sauver l’honneur : la mort. On peut rattacher celle-ci à la notion de pharmakos : celui qu'on immole en expiation des fautes d'un autre. Aussi, il y a une ambiguïté : le terme grec désigne aussi bien la mort de Phèdre pour les crimes d'Hippolyte que le poison par lequel Phèdre se tue.
La mort d'Hippolyte, Pierre Paul RUBENS |
Ici, le but de la pièce est moins de montrer la faiblesse de Phèdre que la puissance des dieux. Hippolyte, les méprisant, est le vrai monstre ici : fougueux, lâche, ne respectant ni morale ni principe. Phèdre, elle, bien qu'elle tente de lutter, ne sait plus quoi faire : en tentant de résoudre les choses, elle ne fait que les empirer, car son destin est de toute manière scellé par la malédiction d'Aphrodite ; c'est le propre de la tragédie. Phèdre, en préservant ses valeurs et vertus malgré ses pulsions, s'élève ainsi à un rang d'exemple, de martyre : elle meurt pour son honneur, tout comme un citoyen grec est tenu de le faire. La morale est donc claire : Le respect des dieux et des valeurs est important, au risque d'être châtié : Hippolyte en a fait les frais. L'attitude à adopter est celle de Phèdre, qui malgré la malédiction qui pesait sur elle, a su conserver les valeurs qui étaient ancrées dans sa personne. Le théâtre grec a donc une fonction exemplaire ou dissuasive : ainsi l'hybris, ou passion, dont les personnages sont atteints sert à la catharsis du spectateur grec.
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LE CHŒUR
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LE CHŒUR
Veux-tu donc consommer un mal sans remède ?
PHÈDRE.
Je veux mourir : quant au moyen, j'y aviserai.
LE CHŒUR.
Écarte ces propos funestes.
PHÈDRE.
Et toi, donne-moi de sages conseils. Je vais réjouir Vénus, auteur de ma ruine, en me délivrant aujourd'hui de la vie : je succombe sous les traits cruels de l'amour. Mais ma mort deviendra aussi funeste à un autre : qu'il apprenne à ne pas s'enorgueillir de mes maux ; en partageant à son tour ma souffrance, qu'il s'instruise à la modestie.
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LE CHŒUR.
Que ne suis-je sous les cavernes profondes, portée sur des ailes, et mêlée par un dieu aux troupes errantes des oiseaux ! Je m'élèverais au-dessus des flots de la mer Adriatique et des eaux de l'Éridan, où les trois sœurs infortunées de Phaéton, pleurant son imprudence, versent des larmes d'ambre transparent, dans les ondes pourprées de leur père !
J'irais aux bords fertiles des Hespérides aux chants mélodieux, où le dieu des mers ne livre plus passage aux nautoniers, et fait respecter l'infranchissable barrière du ciel, que soutient Atlas ; là où des sources d'ambroisie coulent dans le palais de Jupiter, et où la terre, féconde en délices, dispense la félicité aux gens de bien.
Ô navire crétois aux blanches ailes, qui à travers les flots de la mer retentissante transportas ma souveraine, d'une maison fortunée vers les délices d'un hymen malheureux ; sans doute de l'un et de l'autre rivage, ou du moins de la terre de Crète, un sinistre augure vola vers l'illustre Athènes ; mais ils attachèrent les câbles sur le rivage de Munychium, et descendirent sur la terre continentale.
Pour accomplir ces tristes présages, Vénus blessa son cœur par la funeste atteinte d'un amour criminel : accablée sous ce coup terrible, elle va suspendre aux lambris de la chambre nuptiale un fatal lacet, destiné à finir ses jours ; témoignant ainsi son respect pour une déesse implacable, sa sollicitude pour une honnête renommée, et délivrant son cœur d'un amour dont elle a tant souffert.
PHÈDRE.
Je veux mourir : quant au moyen, j'y aviserai.
LE CHŒUR.
Écarte ces propos funestes.
PHÈDRE.
Et toi, donne-moi de sages conseils. Je vais réjouir Vénus, auteur de ma ruine, en me délivrant aujourd'hui de la vie : je succombe sous les traits cruels de l'amour. Mais ma mort deviendra aussi funeste à un autre : qu'il apprenne à ne pas s'enorgueillir de mes maux ; en partageant à son tour ma souffrance, qu'il s'instruise à la modestie.
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LE CHŒUR.
Que ne suis-je sous les cavernes profondes, portée sur des ailes, et mêlée par un dieu aux troupes errantes des oiseaux ! Je m'élèverais au-dessus des flots de la mer Adriatique et des eaux de l'Éridan, où les trois sœurs infortunées de Phaéton, pleurant son imprudence, versent des larmes d'ambre transparent, dans les ondes pourprées de leur père !
J'irais aux bords fertiles des Hespérides aux chants mélodieux, où le dieu des mers ne livre plus passage aux nautoniers, et fait respecter l'infranchissable barrière du ciel, que soutient Atlas ; là où des sources d'ambroisie coulent dans le palais de Jupiter, et où la terre, féconde en délices, dispense la félicité aux gens de bien.
Ô navire crétois aux blanches ailes, qui à travers les flots de la mer retentissante transportas ma souveraine, d'une maison fortunée vers les délices d'un hymen malheureux ; sans doute de l'un et de l'autre rivage, ou du moins de la terre de Crète, un sinistre augure vola vers l'illustre Athènes ; mais ils attachèrent les câbles sur le rivage de Munychium, et descendirent sur la terre continentale.
Pour accomplir ces tristes présages, Vénus blessa son cœur par la funeste atteinte d'un amour criminel : accablée sous ce coup terrible, elle va suspendre aux lambris de la chambre nuptiale un fatal lacet, destiné à finir ses jours ; témoignant ainsi son respect pour une déesse implacable, sa sollicitude pour une honnête renommée, et délivrant son cœur d'un amour dont elle a tant souffert.
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